Dermatose: la colère agricole monte contre l'abattage, la vaccination élargie
La colère des agriculteurs contre l'abattage de troupeaux affectés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a débordé sur les routes dans le Sud-Ouest, mais le gouvernement défend sa politique, tout en annonçant la vaccination prochaine d'un million de bovins supplémentaires.
Près de 150 km de l'autoroute A64 entre Bayonne et Tarbes sont toujours interdits à la circulation en raison de blocages débutés vendredi soir, côté basque et plus à l'est à Carbonne (Haute-Garonne), point de départ d'un précédent mouvement de grogne agricole de janvier 2024.
"Il est hors de question que dans le massif pyrénéen on abatte des bêtes qui ne sont pas malades, qui sont saines, parce qu'elles appartiennent à un troupeau d'où, soi-disant, est sortie une bête malade", a déclaré à l'AFP Léon Thierry, coprésident de la Coordination rurale des Pyrénées-Atlantiques.
Même discours à Mont-de-Marsan, où une délégation a été reçue en préfecture.
"S'il y a un éleveur touché, on viendra en soutien, s'il le souhaite, s'opposer à l'abattage", a prévenu Joël Descat, président de la Coordination rurale locale.
Cette stratégie, défendue par l'alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs, est au contraire dénoncée par la Coordination rurale et la Confédération paysanne, souvent opposées, mais unies contre l'euthanasie généralisée des bêtes des foyers affectés et pour réclamer une large vaccination du cheptel.
La semaine dernière dans le Doubs et cette semaine, en Ariège, où a été détecté le premier cas de la maladie dans le Sud-Ouest, les gendarmes ont dû intervenir pour permettre aux vétérinaires d'accéder aux fermes touchées.
- Vaccination étendue dans le Sud-Ouest -
Interrogé par l'AFP, le président du Conseil national de l'Ordre des vétérinaires Jacques Guérin a dénoncé des "pressions inacceptables" sur les professionnels chargés par l'État d'euthanasier les troupeaux affectés.
"Ce modèle sanitaire, qui a fait ses preuves depuis plus de 70 ans, a permis de traiter les grandes maladies des cheptels (...). Il y a parfois des choix dramatiques à faire pour certains élevages: mais c'est à ce prix-là qu'on protège les 16 millions de bovins du pays", a-t-il estimé.
En dehors de l'A64, d'autres axes du Sud-Ouest sont bloqués: une partie de la rocade nord de Pau, celle autour d'Auch, dans le Gers, une portion de la N20 en Ariège, ou encore des bouts de la D911 et de l'autoroute A75 en Aveyron.
Au niveau national, les autorités ont recensé "un peu plus d'une quinzaine d'actions sur 13 départements réunissant entre 900 et 1.000 personnes", ponctués par endroits de "tensions", selon l'entourage du ministre de Intérieur Laurent Nuñez.
Face aux actions des éleveurs en colère, le ministre a demandé samedi aux préfets et responsables de la police et de la gendarmerie de faire preuve de "souplesse" et de "tact" et d'intervenir en cas de "violences", de même source.
Alors que des agriculteurs ont manifesté devant son ancienne permanence parlementaire à Pontarlier (Doubs), la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, a annoncé au micro d'Ici Occitanie vouloir vacciner "près d'un million" d'animaux supplémentaires contre la DNC..
Ce million de vaccinations supplémentaires surviendra dans les huit départements du Sud-Ouest placés en zone réglementée, a confirmé à l'AFP le ministère de l'Agriculture, selon qui un million de bêtes ont déjà été vaccinées pour un coût de 20 millions d'euros.
De même source, on précise que Mme Genevard s'entretiendra "prochainement" avec des élus des zones concernées.
- Autres dossiers brûlants -
Au total, 109 foyers ont été détectés depuis juin dans huit départements, dont 107 sont désormais éteints et deux actifs, selon le ministère.
En Occitanie, la maladie touche désormais quatre départements: Pyrénées-Orientales, Ariège, Hautes-Pyrénées et Haute-Garonne, où un nouveau foyer a été détecté vendredi.
Ces derniers jours, l'opposition de la profession à la politique sanitaire du gouvernement s'est durcie, alimentée par d'autres dossiers brûlants comme les accords commerciaux du Mercosur et la baisse annoncée du budget de la Politique agricole commune (PAC) européenne.
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B.Schneider--BlnAP