Budget de la Sécu: les députés approuvent la partie dépenses, avant le vote sur l'ensemble du texte
L'Assemblée nationale a adopté mardi la partie dépenses du budget de la Sécurité sociale, une nouvelle haie franchie pour le gouvernement de Sébastien Lecornu avant un vote toujours incertain sur l'ensemble du texte prévu en début de soirée.
227 députés contre 86 ont approuvé cette partie, qui contient notamment l'emblématique suspension de la réforme des retraites.
A gauche, les socialistes ont très majoritairement voté pour, tandis que les Insoumis ont voté contre, de même que la majorité des élus du groupe GDR (communistes et ultra-marins). Le groupe écologiste et social s'est abstenu. De l'autre côté de l'hémicycle, le RN a fait de même, se disant favorable à cette suspension, même s'il rejette la copie globale.
Les députés avaient auparavant approuvé une hausse des dépenses d'assurance maladie (Ondam) de 3%, au lieu de 2%, proposée par le gouvernement pour conforter ses chances d'obtenir une majorité sur le texte.
Le vote final s'annonce en effet extrêmement serré. Car si le patron du PS Olivier Faure a appelé à voter pour, après avoir mené la danse des négociations avec Sébastien Lecornu, une partie du camp gouvernemental devrait lui faire défaut. Les Républicains et Horizons refusent de soutenir un budget qui, à leurs yeux, fait trop de concessions à la gauche.
Après le vote sur l'Ondam, les écologistes ont annoncé leur intention de s'abstenir sur l'ensemble du texte, donnant de l'air au gouvernement qui redoutait un vote contre. "L'abstention, c'est finalement la reconnaissance qu'il y a des moyens constants, que la situation ne sera pas dégradée en termes de moyens globaux", a souligné la cheffe du groupe, Cyrielle Chatelain.
Le rejet du texte affaiblirait encore Sébastien Lecornu, Premier ministre sans majorité, même si la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a jugé dimanche qu'une démission "n'aurait pas de sens".
Nommé il y a trois mois à Matignon, le chef du gouvernement a renoncé à recourir au 49.3, qui permet de faire passer un texte sans vote mais expose à la censure. Et défend la méthode des "petits pas".
- LR, pas un "facteur de blocage" -
Il a déjà senti vendredi le vent du boulet souffler sur le volet "recettes" du texte, adopté de justesse grâce à plusieurs compromis, sur la CSG sur le capital par exemple ou à la promesse d'abandonner l'augmentation des franchises médicales. Mais aussi grâce aux nombreux absents dans l'hémicycle, notamment au RN.
Chez Horizons, le chef des députés Paul Christophe a confirmé mardi qu'"une très large majorité" du groupe s'abstiendrait, après l'appel en ce sens du président du parti, Edouard Philippe. Le candidat déclaré pour 2027 a affirmé ne pas être "partisan du chaos" en proposant de voter contre.
Le patron du parti LR Bruno Retailleau a appelé à ne pas voter un "budget socialiste" qui "prépare un crash social". Le chef des députés, Laurent Wauquiez, a lui demandé mardi à ses troupes de ne pas constituer "un facteur de blocage", en préconisant une position d'abstention "majoritaire".
Certains LR pourraient voter pour, peut-être jusqu'à une quinzaine de voix selon une députée du groupe, alors que celui-ci compte des élus opposés à la réforme des retraites.
- Déficit à 19,4 milliards -
Renaissance, le MoDem, le PS et le groupe indépendant Liot devraient voter pour, à quelques voix près, quand les insoumis et l'alliance RN-UDR ont annoncé qu'ils voteraient contre.
Les communistes se dirigent vers un vote majoritairement contre, avec selon leur dernier décompte 10 voix contre sur 17, 6 abstentions et une non participation.
En direction des élus d'outre-mer, M. Lecornu a par ailleurs proposé un amendement pour financer davantage la santé de ces territoires.
La secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon a appelé à "absolument" voter le budget de la Sécurité sociale. Son adoption est une "nécessité absolue" pour le secteur hospitalier, ont aussi prévenu les fédérations hospitalières.
Le gouvernement ne cesse d'avertir que sans texte, le déficit de la Sécu flamberait à 30 milliards d'euros en 2026, contre 23 en 2025.
Selon la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, il devrait se situer selon le texte final à 19,4 milliards d'euros. En comptant toutefois 4,5 milliards d'euros transférés des caisses de l'Etat pour combler en partie celles de la Sécu - ce qui reporte le problème, pointe la droite.
Si le texte est adopté, son chemin n'est pas terminé pour autant: il repartira au Sénat, avant de revenir à l'Assemblée, à qui le gouvernement donnera alors le dernier mot en espérant qu'elle réédite son vote.
are-la-sac-sl/jmt/dsa
K.Koch--BlnAP